Talmébadia

Tout ce qu'il y a savoir de Talmébadia le démoniste est que Tal est la réunion des Trois démons, soit Méphito, Baal et Diablo... quant à ses laborieux débuts, en voici une tranche

...

Ce courant d'air moite n'était pas annonciateur de bonnes nouvelles. L'odeur putride d'une haleine de mort haranguais l'odorat du Vieux. Cela faisait bien longtemps que l'instant était écrit. Malgré ces quatorze pieds de haut le plafond vous écrasait, l'atmosphère était pesante. La pierre humide et froide, recouverte de mousses et de lichens, aurait glacé les âmes les plus téméraires. Des pas lourds résonnaient déjà sur le sol aux milliers de pierres grises, lisses et anguleuses comme taillées depuis l'éternité. L'instant s'éternisait quand une voie caverneuse retentit et brisa d'un trait mes pensées.

« Je ne te salue pas Gnome ! »

Le Vieux ne bougeait pas. Anunn n'était pas gnome à se laisser impressionner. Il observait et j'ai crû apercevoir un rictus. De dégoût ou d'amusement je ne saurais le dire mais sa concentration était bien là.

« Aurais tu perdu ta langue Gnome ? »

Je n'en croyais pas mes yeux. Mon maître se leva de son trône et ses mains s'agitèrent. C'était l'essence même du démoniste mais lorsque Anunn invoqua Nark'mür, ma respiration se figea. Tous mes sens en alerte, je savais que cela ne servait à rien, ma peur me figea.

« Je te reconnais bien là Gnome… toujours à te cacher derrière tes démons ! »

Quel est donc cet impudent qui se permettait un tel langage avec mon Maître ? D'où venait cet humain ? Pourquoi sa venue était tant redoutée ? Et quel était son nom ?
Ce guerrier de malheur était d'une arrogance telle qu'il devait payer. Anunn s'en chargerait, j'y comptais bien, sans cela ce serait moi.

Mon Maître reprit place dans son fauteuil. Je ne l'avais jamais vu aussi calme avant l'orage. Puis il parla posément.

« Votre haleine vous a précédée et elle n'était annonciatrice que de défaite en mon sanctuaire Humain. »
« Crois tu pouvoir m'impressionner Gnome ? »
« Partez, retournez d'où vous venez, vous savez très bien que je ne vous donnerais pas ce que vous voulez si âprement ! »
« Si tu ne me le donne pas, je le prendrais. Et sache que notre confrontation n'auras même issue que la dernière. Maintenant vas et ramène, je te l'ordonne. A moins que… est ce, ce freluquet ?»

Nark'mür s'interposa entre le guerrier et moi. Que ce passait il, était ce moi que l'Humain venait chercher ? Jamais ! Mon sang ne fit qu'un tour, tout mon corps se mit en transe et tout mon être en ébullition.
Que Méphisto, Baal et Diablo m ‘entendent. Ma voix se fit à peine entendre mais mon incantation ne cilla pas.

« J'en appelle à toi Zag'gore, fils du néant, marcheur du vide ! »

Zag'gore , mon démon éthéré, à même de me défendre, j'enverrais ce guerrier par le fond. Certes mon serviteur paraît bien chétif comparé à Nark'mür mais c'est un bon appuie. J'étais prêt à combattre quand l'autre humain de misère calmement sourit et dit :

« Mais il est vivant ton apprenti Gnome. Si tu ne veux pas qu’il se fasse mal Gnome, tiens le en laisse ! Qui aurait pu penser qu’il y ait âme qui vive dans un être si chétif. Est il malade ? Est tu malade freluquet ?»

Sans que je ne m’en aperçoive, je passa à l’attaque. Zag‘gore était alors presque sur le guerrier que ma malédiction frappa l’Humain. Ma baguette s’agita… mais rien ne se passa et je ne saurais dire comment, Zag’gore fut renvoyé dans les ténèbres. Le temps s’arrêta. Comment était ce possible ? Quelle puissance, je n’ai rien vu. J’ai compris trop tard que ce guerrier était en fait un paladin. Quelle erreur. Il m’était impossible de bouger, j’entendais à peine ma respiration quand l’Humain se mit à rire grassement de plus en plus fort et de sa voix caverneuse dit :

« Anunn, ton apprenti est impressionnant ! Impressionnant de bêtises et un peu présomptueux mais je l’aime déjà. »

Il se mit à rire de plus belle. Mon Maître qui jusque là n’avait cessé d’observer l’intrus, se mit à rire également, de ce rire que je lui connais peu, celui de l’amusement.

«Sombrethor, soit le bienvenue en ma demeure et que notre confrontation finisse comme la précédente. Serviteur, que l’on apporte à boire et à manger. Talmébadia, je te présente mon grand ami, Sombrethor. C’est avec lui que tu partiras explorer le monde. Tu reviendras me voir pour que je t’enseigne malédictions et démons, mais c’est avec mon vieil ami que tu te forgeras aux combats et à la vie. »

Sombrethor… alors ce paladin était le puissant Sombrethor, celui dont les exploits sont contés dans tous les Royaumes de l’Est. Sombrethor, puissant parmi les puissants et grand ami de mon Maître. Je me remémorais déjà les histoires que le Vieux me racontait alors que je n’était encore qu’un jeune écervelé quand Sombrethor s’adressa à moi.

« Mon jeune ami, c’est à moi que Anunn te confie pour parfaire ton apprentissage… si tu le souhaite. »

Comment pouvais je refuser, même après ce tour de cochon. Je regarda Anunn qui me fit un signe de tête approbateur, je rassembla mon courage et d’une voix claire dit :

« Merci Seigneur Sombrethor. C’est avec une immense joie que j’accepte. »
« Talmébadia prêtes tu le serment de l’entraide des Ames ? »
« J’en prête serment, de mon honneur, ma vie et ma foie en diablotins et démons. »
« Qu’il en soit ainsi, tu viens de rejoindre les Ames Célestes. Nous partirons demain. Quant à présent mon cher Anunn… »
« Oui, oui tu as raison Sombre... sanglier, hydromel et chansons. »

Mon avenir fut scellé.